Incontestable rookie de l’année 2022, c’est en se faisant le porte-voix d’un mouvement en plein essor — la jersey drill — que Kerchak explosait à la face du public francophone. Armé d’une voix grave, de lyrics bruts et d’un flow survitaminé, le rappeur du 92 portait sur ses épaules toute l’énergie de ce nouveau sous-genre, tout en positionnant sa propre ville, Bois-Colombes, sur la carte du hip hop. À mi-chemin entre la musique club et le rap de rue, la jersey drill était la métaphore idéale pour illustrer son ascension : la cadence nerveuse et effrénée qui rythmait sa musique traduisait parfaitement la vitesse à laquelle il gravissait les échelons de l’industrie (plus de 500 millions de streams en deux ans). Précédée d’une série de singles viraux (notamment Sabor), sa première mixtape — Confiance — devenait rapidement disque d’or, à l’instar des titres Peur (feat. Ziak), Tarzan et Génération Miracle (feat Favé), cumulant chacun plusieurs dizaines de millions de streams. Elle lui permettait par ailleurs de sillonner tout ce que la francophonie compte de salles et de festivals, puis d’enchaîner sur la suite, faite de featurings et d’ouvertures bien senties (Saison 2), pour un succès tout aussi massif. Pour autant, rien de tout cela n’était vraiment prémédité…
Né en 2004 de parents ivoiriens, Kerchak est introduit au rap par ses grands-frères, friands d’un certain âge d’or de la trap française (Kaaris, Bosh ou Kalash Criminel). Pris de passion pour cette musique dure et entraînante, en lien direct avec sa réalité, il ne tarde pas à s’y essayer, d’abord sous le blaze de Zolal (affectueusement hérité de son grand frère), qu’il finit par abandonner (trop proche de celui de la tête d’affiche Zola). Devenu Kerchak (en référence au roi des gorilles dans Tarzan), le jeune rappeur clame haut et fort ses envies de domination, et naturellement curieux, il ne se fixe aucune limite en termes création. Le déclic survient lorsqu’en pleine recherche de beats, il tombe sur une instrumentale surprenante, dont les rythmiques s’accordent parfaitement avec son débit. Alors qu’il fait un pas vers la jersey drill, son flair et son intelligence le poussent à approfondir le sujet. Ultra-productif, Kerchak enchaîne les titres dans cette esthétique, tandis que sa notoriété se développe à vitesse grand V. À 18 ans seulement, il dévoile sa première mixtape produite par les labels NeverGiveUp (dont ses cousins sont les fondateurs) et l’écurie Blue Sky. La réussite est implacable et à travers ce premier opus, Kerchak excède les espoirs placés en lui. Nommé parmi les 11 rappeurs à suivre en 2023 par Booska-P, il enchaîne deux concerts complets aux Étoiles, avant de remplir la Cigale, puis transpose son énergie aux quatre coins de la France.
Malgré ce succès fulgurant, les ambitions artistiques de Kerchak ne se restreignent pas à la seule jersey drill. Artiste complet, féru de studio, le représentant du quartier Mermoz aime explorer tous les recoins de son art, en faisant fi de l’étiquette qui lui est accolée. Très souvent sollicité par ses pairs (Gazo, Kaaris, PLK, Mister V, Favé, Leto, etc.), il flirte avec différentes générations d’artistes et brosse de nouvelles facettes de sa personnalité. En fin d’année 2023, l’EP 3 titres En attendant la Saison 2 signe la conclusion du chapitre « 100 % jersey », pour mieux amorcer la suite de sa carrière. Sans pour autant rompre avec son ADN (Opps qui court), la mixtape Saison 2, dévoilée en janvier 2024, ouvre de nouvelles portes, à l’image du surprenant T’aimerais (feat Ziak et Killemv), aujourd’hui certifié or, qui prend son monde à contrepied. Porté par un casting saisissant (Dinos, RnBoi, Houdi et Gambi), cet opus — en passe d’atteindre les 50 000 ventes — oscille entre les ambiances énergiques et mélancoliques, parfois plus aériennes, à l’instar du titre Roule un autre, interprété chez Colors.
Bien qu’œuvrant dans l’anonymat, le visage caché derrière son masque signature, la personnalité débordante de Kerchak intrigue les marques et les médias, qui aiment s’associer à son image (Givenchy aux Flammes, mais aussi G-SHOCK, Nike ou Jean-Paul Gaultier) s’immiscer dans son quotidien (24h à Londres sur Booska-P), ou tenter de percer le mystère (Mosaïque l’a choisi pour la couverture de son 4e numéro). Après être intervenu dans la saison 3 de Nouvelle École sur Netflix et avoir occupé le terrain à travers une salve de titres inédits (Cocaïna, Play, Fake, Cam, etc.) et de collaborations internationales (avec Kwengface ou LeoStayTrill), le rappeur travaille aussi d’arrache-pied sur son premier album, à paraître courant 2025 (sur les labels NeverGiveUp et Naïve, de Believe) : l’occasion pour lui de se livrer, comme il ne l’a encore jamais fait… tout en réservant bien d’autres surprises. Affaire à suivre !